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Photo du rédacteurAnaïs CD

Les pivoines…



L’été s’était installé tardivement cette année, mais à présent sa chaleur se faisait sentir de jour en jour plus grandissante...

Dans ces moments-là, je regrette un peu les après-midi de pluie de l’automne, ce charmant passage entre la douceur estivale et le froid mordant de l’hiver à venir. Adieu verres de vin blanc frais en terrasse, bonjour chocolats chauds et grogs au coin du feu. Alors à chaque retour de printemps, je garde précieusement ces courts-métrage dans un recoin de mon esprit, pour me les remémorer quand la nostalgie automnale se fait sentir.

Je nous revois, la fenêtre ouverte tout près du lit, nous étions là, nos deux corps allongés côte à côte, entremêlés, bercés par le bruit des gouttes s’abattant sur les toits de la ville. Avec comme fond sonore, le fracas du tonnerre qui déchire le ciel et ricoche entre les murs épais des immeubles, résonnant à travers les ruelles trempées. Et toi qui guettais les éclairs et sursautais à chaque grondement. Et dans le plus grand sérieux, plongée dans une concentration extrême, tu semblais avoir établi une méthode des plus scientifique pour prédire leur distance. Je souris encore à l’idée de t’entendre murmurer le décompte des kilomètres.


Mais à chaque saison ses attraits. Et dès l’arrivée du printemps, c’est le monde entier qui se déchargeait de ses lourds manteaux de neige et de fourrure, et se déshabillait sous mes yeux. L’air plus clément dévoilait les chairs un peu plus chaque jour. Les écharpes épaisses et lourdes cédaient leur place aux décolletés. Les terrasses des cafés se repeuplaient sous la clémence des nouveaux rayons de soleil. La blancheur des peaux allait bientôt se fondre dans un hâle doré méditerranéen.

Et puis doucement, l’été qui s’installe nonchalamment, se fait désirer, comme à son habitude.

En cette période, pour moi le mot « légèreté » venait rivaliser avec la chaleur accablante. C’était la saison des jupes courtes qui découvraient tes longues jambe que je ne me lassais jamais de parcourir; des robes en mousseline dont le tissus vaporeux ondulait au rythme du mouvement de tes hanches; des shorts en jean taille haute qui venaient rehausser tes fesses qui me faisaient du gringue à longueur de journée.

C’était la saison des fleurs et de ses allures bohèmes, avec ces pivoines fraîchement cueillies, que tu glissais dans tes cheveux bouclés. Je me sentais toujours dévasté de voir des fleurs coupées et arrachées à leur écrin de verdure… autant de rapts dont on ne veut pas parler, et qui pourtant font tellement de victimes. Mais j’oubliais instantanément mes récriminations lorsque je les voyais reprendre vie sur toi. Car sous mes yeux, irradiaient alors les deux plus belles fleurs qu’aucun jardin n’eut jamais accueilli.Et je les chérissais, je les couvrais d’infinies attentions, tant j’aimais les voir se pavaner devant moi.


Et à chaque saison ses instants, parfois des secondes sauvages et fugaces, parfois des minutes flâneuses et nonchalantes. Et parmi mes moments préférés, ceux où je pouvais t’observer de loin, étendue sur un transat sur la terrasse, profitant des rayons du soleil pour parfaire la subtile teinte ambrée de ta peau. Seulement un bas de bikini pour ne pas friser l’indécence, ni trop émoustiller les voisins curieux des immeubles alentour qui pourraient avoir l'œil inquisiteur.

Allongée sur le ventre, plongée dans un nouveau roman, tu parcourais les pages en fredonnant par dessus quelques airs de jazz de Nina Simone. Et moi, depuis le salon, modeste spectateur, je détaillais la moindre courbe de ce corps que tu dandinais légèrement en accompagnant la musique. Je me laissais emporter par cette somptueuse crinière dorée de lionne, qui ondulait sous la brise légère. Des fragrances de monoï me parvenaient et embaumaient mon esprit de leur douceur, comme un lointain parfum venu des îles.

Alors que je me tenais là, un peu niais et perdu dans la nostalgie des souvenirs, je crois que je t’aimais un peu… non beaucoup… non, de manière démesurée. Je m’interrogeais. Comment le reste du monde pouvait-il encore te résister ? Comment ne pouvait-il pas déjà tomber à tes pieds, et succomber à ta simple vue ? Alors que j’aurais pu littéralement mourir de trop t’aimer. Mon cœur qui aurait explosé entre mes côtes de trop te désirer.


Alors je me faisais à mon tour un peu voyeur, laissant glisser mon regard depuis tes omoplates saillantes, suivant la ligne de ta colonne vertébrale pour aller me perdre dans le creux de tes reins cambrés. M’attardant, peut-être un peu trop, sur tes fesses rebondies. Dieu sait comme j’aurais aimé y laisser s’égarer mes mains… Faire disparaître ce bikini qui te couvrait déjà trop à mon goût, pour n’avoir plus que ta peau nue à effleurer. Sentir la chair satinée entre mes doigts. Et toi lascive, qui t’étirait et me présentait nonchalamment ta croupe, remuant des hanches. Je m’imaginais poursuivre mon exploration, caressant tes cuisses, et venant déposer quelques baisers à la dérobée sur ces lombes que tu me présentais insolemment.


Ce que j’avais envie de toi ! Les scénarios grivois se bousculaient dans ma tête. J’espérais que la musique dissimule le vacarme assourdissant des pensées salaces qui venaient tambouriner aux portes de mon esprit, tant mon corps me hurlait de te prendre ici et maintenant, oubliant tout du monde alentour et de ses potentiels regards inquisiteurs. Et à nous deux, rivaliser avec la chaleur écrasante de l’été. Faire rougir le soleil de notre audacieuse impudeur. Me perdre en toi, des heures durant, et pourtant hors du temps. Abandonner, capituler devant les tant de volupté et de délicatesse. Ne plus avoir pour autre pensée que ce visage et ce corps divins, animés de tant de passion, ainsi offerts au pauvre mortel que je suis. Me perdre dans la fougue de nos concupiscences. Me perdre au milieu des pivoines…

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